Sauver vient de sain, signifie rendre la santé, la sécurité, arracher à la mort. Jésus est souvent l’auteur de ce salut très concret. Mais si Jésus est venu pour « aider » l’homme menacé par toutes sortes de périls immédiats, cette aide revêt un caractère particulier : elle annonce et déjà réalise dans tel secteur limité de la vie le salut définitif et universel attendu.
La notion de Salut (sauver, sauveur) est très large dans la Bible et s’exprime par de nombreux verbes qui veulent à la fois dire libérer, délivrer, racheter, guérir… Dans cet ensemble il faut en particulier signaler l’image de la rédemption (rachat ou libération d’un esclave).
Quand il s’agit du salut opéré par Dieu, il peut s’agir aussi bien d’une délivrance dans le domaine matériel que d’une libération spirituelle. Lorsque nous parlons de vie éternelle à propos du salut, n’oublions pas de penser à ses effets dès maintenant, dans la vie présente. Le salut n’est pas seulement pour plus tard, il change la vie dès aujourd’hui, il lui donne un sens.
Dans les écrits du Nouveau Testament, on peut dégager quatre affirmations.
a) Le salut est conçu comme une délivrance totale et définitive.
b) Le salut : toujours conçu comme délivrance, libération, et non comme une accession à une vie plus haute ou plus spirituelle. De la situation de l’homme perdu ou asservi à celle de l’homme sauvé, il n’y a pas évolution, mais cassure, arrêt, mort au travers de laquelle le salut s’opère.
c) L’homme est sauvé par Dieu, en Jésus Christ, de ses péchés, de la condamnation, de la perdition. Le péril dont l’homme doit être sauvé est la condamnation divine : aucune menace n’est si sérieuse, pour l’homme de la bible, que la désapprobation de Dieu. Le salut sera avant tout une communion, une paix retrouvée avec Dieu. Je cite ici Paul Tillich : « Guérir, en ce sens, signifie réunir ce qui est aliéné, donner un centre à ce qui est divisé, surmonter la rupture qui sépare l’homme d’avec Dieu, d’avec son monde et d’avec lui-même » (P.Tillich, L’existence et le Christ, éd L’âge d’homme, 1980)
d) Le salut est actuel, inauguré, mais aussi futur : ce n’est que dans le Royaume, après le jugement dernier, que l’homme sera définitivement et complètement sauvé. Au sens strict des termes grecs, les croyants ne sont pas sauvés, il sont en train de l’être, mais devront encore affronter les embûches de ce monde et surtout le jugement dernier de Dieu.
Comment recevons-nous le salut ?
Nous le recevons au travers de la lecteur de l’Ecriture qui seule nous permet de rencontrer Jésus-Christ, qui pour le chrétien est le seul médiateur du salut.
Y a-t-il des conditions posées par Dieu pour recevoir le salut ?
Non, Dieu pardonne, Dieu sauve par sa seule grâce, c’est à dire par son amour gratuit, que nous ne pouvons mériter ni par nos qualités, ni par nos efforts, ni par nos actions (ou œuvres).
Avons-nous des preuves de notre salut ?
Non, car c’est par la foi seule, dans la confiance, que nous pouvons recevoir le pardon, le salut, un sens à notre vie ici bas et dans l’éternité. C’est un pari. Une confiance donnée en la parole des apôtres.
Nous affirmons que Jésus sauve... Peut être surtout du non-sens. Par lui, notre vie a un sens, comme une pierre intégrée à une construction, et ce sens renouvelle notre existence, lui donne une direction.
Et surtout ce sens qui, en Jésus, détermine la possibilité d’être renouvelé, et de trouver la force d’une autre manière d’être avec les autres.
Nous le constatons, notre monde est rempli de haine, parce que nous avons appris que pour survivre, il fallait manger pour ne pas être manger, dominer pour ne pas être dominé, écraser pour ne pas être écrasé. En Jésus, nous contemplons une autre manière d’être dans ce monde, une manière qui renonce à la violence pour vivre contre l’autre, et qui accepte de recevoir la force de vivre avec l’autre.
Sans Jésus, c’est la soif de pouvoir et l’orgueil qui déterminent trop souvent notre « être au monde ». Par lui, nous apprenons que nous sommes aimés, que n’avons pas besoin de prouver au monde que nous sommes les meilleurs pour être aimés. Il nous aime, gratuitement. Cela donne tout son sens à notre existence.
Jean Pierre Gardelle