Depuis le début du 20e siècle, les évolutions tant religieuses que sociétales ont sensiblement modifié les rapports des Eglises et de l'Etat, institués par la loi de 1905. C'est ainsi que l'Etat a su développer au fil du temps une neutralité ouverte et bienveillante, tandis que les Eglises constituées ont appris à s'inscrire de façon positive dans le cadre de la laïcité.
Toutefois ces progrès n'ont pas permis d'éviter le maintien de la part de certains d'une vision
réductrice de la « matière religieuse » généralement circonscrite aux seules activités cultuelles,
et de la part des grandes religions, d'une attitude de réserve vis-à-vis des autorités politiques.
L'ambivalence du sujet de ce jour nous amène à nous poser les
questions suivantes:
- quelle place la Société réserve-t-elle à la religion?
- quelle est l'influence de la Religion sur la Société?
Qu'est-ce qui caractérise notre société actuelle?
- la laïcité, pour partie responsable de l'abandon des pratiques
religieuses
- le besoin de démocratie par la participation des citoyens actifs
- le matérialisme et le souci de la rentabilité
- la mondialisation avec le risque de la dépersonnalisation
- la permissivité dans les moeurs
- mais aussi l'abandon de certaines valeurs, comme le mépris du corps,
- l'expression gratuite de la compassion lorsqu'elle ne s'accompagne pas du
passage à l'acte
et pourtant cette société est agitée de nombreux problèmes
éthiques parmi lesquels nous citerons:
- l'euthanasie et le respect de la vie
- la sexualité
- l'avortement
- le clonage
- le partage des richesses
- la sécurité sociale avec le partage des garanties sur cette
sécurité
Cette situation nous prive de la contribution essentielle que les religions peuvent apporter en vue du bien commun dans de nombreux secteurs qu'ils soient éducatifs, culturels, sociaux ou autres.
Leurs objectifs rejoignent ceux de l'£tat laïc, au moment où
celui-ci, confronté à une crise de transmission des valeurs morales
et culturelles5 devrait pouvoir, au contraire, s'appuyer davantage sur cet aspect
du rôle des grandes religions.
Quelle est la place du judaïsme?
Les lois du Décalogue ou pour ceux qui ne veulent pas croire cri Dieu, les sept prescriptions de Noé, sont les principaux repères dont la Société a besoin.
Rappelons que dans les dix Commandements,
- les 3 premiers rappellent la présence de Dieu et son unicité
- les 2 suivants concernent la famille, et le repos du cbabbat
- les 5 derniers les relations entre les hommes (vie sociale et problèmes
de société)
Comment ne pas mettre en oeuvre cette organisation dans la société qui peut et doit l'appliquer, Si elle veut que ses membres apprennent à se comprendre, à se supporter et à se connaître, sans exclusive.
A côté de cela, l'éthique juive se retrouve aussi dans les positions sociales concernant des problèmes aussi divers que: les soins palliatifs, l'avortement, admis, mais exceptionnellement, la procréation médicale assistée, le clonage, etc., pour ne prendre que des exemples médicaux.
En der'nier ressort, l'exigence de laïcité qui n'est pas la négation du pluralisme religieux, mais au contraire sa reconnaissance et son respect, implique que le nouveau dialogue Etat/Religions doit se nouer autour de deux grands principes:
D'une part la liberté religieuse, conçue comme la possibilité pour toute personne d'exprimer librement et publiquement un acte de foi en une transcendance divine, qui ne peut être forcée ou embrigadée. Elle n'existe pas sans possibilité d'expression publique, c'est à dire sans liberté de culte.
D'autre part le souci du bien commun doit fixer les limites que l'ordre public ou la morale commune légitiment dans l'exercice des religions; qui doit également fonder une collaboration active entre l'Etat et les institutions religieuses.
L'instauration de ce nouveau dialogue et le respect des deux principes qui
le structurent, ne requièrent pas l'abrogation, ni même la révision
de la loi de 1905. En revanche assurer la liberté de culte et adapter
certaines dispositions juridiques particulières constituent un objectif
nécessaire.
La meilleure, Si elle conduit à la reconnaissance d'autrui, à l'écoute des autres groupes, à la conscience de l'enrichissement p& la différence, à la constitution de liens unissant les hommes entre eux et à Dieu, ce qui est la définition même de la religion.
Dans cette perspective le judaïsme a de tout temps proposé une solution originale, qui nous semble à la source de la notion de tolérance, l'absence de tout prosélytisme.
La grandeur d'une république comme la nôtre est de n'avoir jamais demandé à un citoyen de se
renier en quoi que ce soit dans sa foi pour être meilleur citoyen.
M. MERGUI, Communauté Israélite