Interventions durant la 20e rencontre interreligieuse :

A la rencontre de l'autre

Voici quelques notes personnelles légèrement remises en forme qui n'avaient pas été prises dans le but de rédiger un compte-rendu.

M. Pierre Cordier, membre de la communauté juive de Poitiers

Il a commencé en citant le rabbin Hillel, contemporain de Jésus : "Chacun est l'autre de l'autre" et "il faut sortir pour apprendre". Aller à la rencontre de l'autre, c'est se forger soi même en se forgeant une opinion.
L'homme historique (Adam), c'est l'homme comme homme et femme. Il y a différentiation puis il y a connaissance.
Le statut minoritaire a conduit l'homme juif à une condition réflexive, à se faire une image de lui-même qui intègre le regard de l'autre.
Le judaïsme est "polyphonique", la variété, l'altérité sont nécessaires jusqu'à la fin, jusqu'aux temps messianiques.

M. Mino Randriamanantena, pasteur de l'Eglise Réformée de Poitiers

Après avoir défini ce qu'il entendait par "l'autre", il a abordé la rencontre. La rencontre, ce n'est pas la tolérance, c'est le dialogue. Une rencontre à deux, ce n'est pas un monologue successif à deux, c'est une écoute dans l'égalité et la réciprocité.
Pourquoi la rencontre ? Parce qu'il y a le besoin de l'autre, pour pouvoir s'identifier soi même.
La rencontre présente des difficultés, des risques. Elle peut amener à un retour aux racines, un retour vers la communauté, une tentative d'éliminer la différence.
Pour surmonter ces difficultés, il faut le courage de s'affirmer, d'exister, de rencontrer, de participer.
Ce courage, on le trouve dans une autre rencontre avec l'Autre. Parce que Dieu m'accepte tel que je suis, sans condition, j'ose rencontrer l'autre.

M. Hassan Izzaoui, imam de la mosquée de Limoges

Il a présenté l'image de l'autre dans l'islam. La rencontre implique le respect de l'autre. La caractéristique de la fratrie humaine est sa diversité, sa variété. Les différences rendent l'uniformité impossible. C'est la richesse, la beauté de la nature. Cette diversité et cette fraternité permettent une connaissance de soi et une connaissance de Dieu, au travers de la création et de l'autre. Et ceci conduit à la tolérance, qui permet de se montrer tel que l'on est, qui permet de vivre ensemble dans le respect mutuel.
La piété est quelque chose de secret.
Quand on étouffe la raison, la révélation n'a plus de sens."
La miséricorde est une valeur pour l'homme, il est image de Dieu.

Le Père Albert Rouet, archevêque catholique de Poitiers

Il a commencé par un parcours historique, en parlant de l'ambiguïté du catholicisme occidental qui a voulu l'unité malgré la diversité.
Au concile de Vatican II, Paul VI en 1963 dans Ecclesiam suam a présenté le dialogue comme une bienveillance mutuelle.
L'orateur a parlé du philosophe Habermas qui présentait en 1976 les conditions de la rencontre et du dialogue : l'intelligibilité du discours, la vérité du savoir, les intentions sincères et une communauté culturelle commune. Les valeurs qui permettent ce dialogue sont une même rationalité, une même approche d'une histoire commune et une même humanité.
Pourquoi se rencontrer ? Aller à la rencontre de l'autre a aussi donné le mot "adversaire". Rencontrer l'autre qui me dit que je ne suis pas tout.
C'est aussi établir une distance entre ce que je pense et l'objet auquel je pense. L'autre agit sur cette distance et s'interpose.
Aristote nous présente la vérité comme une adéquation entre ce qui est dit, pensé et le réel.
La rencontre de l'autre, c'est un croisement, une révélation. Elle me montre que je suis un individu, une personne. Elle fait de moi un être de relations.


Philippe Cousson

 

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