Croyant, qui est ton frère ?

23e rencontre interreligieuse de Poitiers

 

Le 20 mars à 15h se sont retrouvés environ 200 personnes à la Maison Diocésaine pour écouter les 4 orateurs et participer ensuite aux

carrefours sur ce thème.

Jacques Mergui, président de la Communauté juive de Poitiers a divisé son propos en deux parties : il a d'abord montré que la fraternité est la condition du genre humain, qu'elle est difficile à vivre, en citant l'exemple de Caïn, figure de l'incroyant radical qui n'écoute que ses passions et rejette l'obligation de fraternité et se retrouve prisonier de sa propre prison, puis il a montré le caractère fondamental de la fraternité dans la Torah, avec les commandements de partage et d'amour. Il a conclu en notant que "frère" et "un" ont la même racine en hébreu.

Boubaker El hadj Amor, président de la Communauté musulmane de Poitiers nous a dit que la fraternité est au coeur de l'islam, au coeur de chaque musulman. Il a mentionné deux cercles, celui de la Communauté ou la fraternité est un affluent de la foi, et celui de l'humanité comme une seule et même famille. le chemin vers Dieu passe par autrui. Vivre la fraternité humaine, c'est agir pour plus de dignité, de respect, de justice.

Mino Randria, pasteur de l'Eglise Réformée de Poitiers s'est demandé si la fraternité à l'intérieur d'une religion excluait celui de l'extérieur. Il s'est ensuite posé la question de l'identité sociale et personnelle. Je suis ce qu'on dit que je suis, et celui dont je tire mon existence est aussi le père d'un autre, de mon frère. Se poser la question du frère, c'est aussi se poser la question du père. Il y a un nom du Père au dessus de tous les noms du Père, au dessus de tous les humains. Cette fraternité dépasse tous les sacrés, toutes les enclosures. Dieu a laissé des traces dans toutes les cultures et les religions. Et même quand deux noms du Père paraissent incompatibles, il faut dialoguer, considérer l'autre et apprendre sa grammaire.

Albert Rouet, archevêque catholique de Poitiers nous a fait remarquer que contrairement à la liberté ou l'égalité, la fraternité ne peut pas faire l'objet de lois, qu'elle est plus radicale que toute législation. L'homme est en position de choisir entre la fraternité et la violence. La fraternité précède la liberté et conduit à l'humilité car nous ne sommes pas à l'origine de notre vie. Mais cette fraternité n'existera pas vraiment tant que l'homme ne s'en saisira pas.

Après des débats en carrefours et un retour en réunion plénière pour des courts comptes rendus, nous avons pu discuter autour d'un pot de l'amitié (de la fraternité).

A l'année prochaine.

Philippe Cousson

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